Nouvelles de Taïwan
Les médias nous ont parlé deux fois de Taïwan cette semaine.
D'abord, pour évoquer cette horrible église-monument en forme d'escarpin. Il paraît qu'elle fait aussi office de mémorial pour des villageois victimes de la gangrène après avoir bu de l'eau contaminée à l'arsenic. Ca leur fait une belle jambe !
Mais la nouvelle importante est tombée hier, avec l'élection de Tsai Ing-Wen au poste de présidente de la république de Taïwan. Une victoire historique à plus d'un titre. En effet, celle qui fêtera ses 60 ans en août est la première femme à parvenir à cette fonction. De plus, les résultats révèlent un plébiscite remarquable pour son parti, le Parti Démocrate Progressiste (PDP). Il a obtenu 56% des voix, contre seulement 31% pour le Kuomintang, qui était au pouvoir depuis 8 ans, et a largement dominé la vie politique de l'île depuis 1949.
Petit retour en arrière : en 1949, le nationaliste Tchang Kai-Chek, dirigeant du Kuomintang (l'armée nationaliste), perd la guerre face à Mao Zedong. Avec ses partisans il se replie alors sur l'île de Taïwan* qu'il dirige d'une main de fer. Toute sa vie il revendique la souveraineté de la république de Chine (Taïwan) sur la Chine continentale. Pendant ce temps, et jusqu'à maintenant, la Chine populaire continue à considérer Taïwan comme une province chinoise.
Aujourd'hui, le Kuomintang a bien changé et est partisan d'un rapprochement avec la Chine continentale. En donnant hier une large majorité à Tsai Ing-Wen, les Taïwanais ont clairement montré leur volonté d'indépendance vis-à-vis de Pékin. D'autant que le PDP a également obtenu une large majorité au Parlement, les élections se tenaient en même temps. Les Taïwanais ont le sentiment d'avoir opté pour la démocratie, laissant de côté le risque de baisse des échanges économiques avec la Chine, leur principal partenaire commercial. Affaire à suivre !
(* sauf les soldats oubliés/sacrifiés du sud de la Chine, dont certains ont trouvé refuge en Thaïlande, fondant, notamment, le village de John)