Un petit (tout petit) tour en Birmanie
John a de la famille qui habite en Birmanie. Le 2 janvier, alors que je n'y croyais plus (nous quittions le nord le 4), nous voilà partis pour une aventure familiale de l'autre côté de la frontière.
Pour les Thaïs c'est plutôt simple de se rendre en Birmanie. Il faut d'abord passer par le bureau de l'immigration pour remplir un papier. Ensuite il suffit de présenter ce papier au poste-frontière, et hop ! Pour les étrangers, c'est un peu plus long. D'abord je suis passée à l'immigration thaïe. L'officier m'a demandé pourquoi je voulais aller en Birmanie, et combien de temps je comptais rester. "Visite familiale - une journée, je reviens ce soir". Ca passait ! Alors il m'a prévenue que les Birmans me demanderaient 500 baths (15 euros) et m'a laissé partir. J'ai retrouvé les autres (Judikael, John, sa mère, sa soeur, son frère, un cousin) sur le pont qui relie Mae Sai (Thaïlande) à Tachilek (Birmanie). Au bout du pont, ils ont continué librement tandis que j'ai dû aller donner mon passeport et 500 bahts à l'immigration birmane. En échange ils m'ont confié un petit papier prouvant que j'étais bien en règle.
Nous avons alors retrouvé une cousine de John, qu'il n'avait encore jamais rencontrée, et sa famille. Nous sommes allés chez eux, puis ils nous ont invités au restaurant pour déjeuner.
Et en sortant on m'a dit qu'on rentrait en Thaïlande. Enorme frustration, on n'avait rien vu de la Birmanie à part la route ! Et dans cette ville frontière où on paye en bahts et où les commerçants ont tous un numéro de téléphone thaï en plus du numéro birman, les photos ressemblent beaucoup à celles d'une ville thaïe.
Un faux 7/11. Nous avons vu plusieurs magasins comme ça reprenant les couleurs et le logo de 7/11 mais avec des noms différents.
Et puis du song-theaw qui nous ramenait vers la frontière j'ai aperçu une pagode dorée. Et j'ai dit que ce serait quand même super d'aller la voir. Mon idée a été acceptée, ouf ! Ca valait le déplacement !
Des touristes thaïs.
Nous avons pu admirer une belle vue sur la ville.
Enlever ses chaussures pour entrer dans un temple, c'est la coutume. Mais payer pour les laisser sur l'étagère, c'est nouveau ! Mais si ça permet à plusieurs personnes de gagner leur vie, on le fait volontiers.
Ensuite nous sommes retournés à la frontière.
Les Birmans m'ont rendu mon passeport. Avec les Thaïs ça a été un peu plus long. L'officier m'a demandé où je logeais, j'ai répondu "à Santisuk dans la famille de mon mari". Il m'a dit d'aller chercher mon mari, lequel mari m'attendait justement à la sortie. Sinon, aurais-je dû entrer en Thaïlande illégalement pour le chercher ? Il est venu avec moi parler avec l'officier et donner son adresse exacte à l'immigration. En fait maintenant les autorités thaïes veulent savoir exactement où se trouvent tous les étrangers chaque nuit. Les hôtels font les démarches pour leurs clients et, normalement, les Thaïs recevant des étrangers chez eux doivent le signaler grâce à une application spéciale. Nous ne l'avons pas fait, et je n'ai eu aucun problème, mais il viendra peut-être un moment où on ne pourra pas faire autrement ? C'est soit-disant pour lutter contre les criminels trouvant refuge en Thaïlande. Parce que eux, c'est sûr que tous les soirs ils cliqueront bien gentiment sur leur smartphone pour dire où ils sont !
La photo ci-dessus a été prise sur le pont, on voit la Thaïlande. Peu de différence, hormis l'alphabet, avec les autres photos de ce message. Je ne peux donc pas dire que j'ai vraiment vu la Birmanie. Tachilek est une ville sous influence thaïe qui prospère grâce à son statut de ville-frontière. Et aussi malheureusement grâce au trafic de drogue... Je ne l'avais pas encore précisé, mais nous sommes au coeur du Triangle d'or, et c'est à Tachilek que vécut le Roi de la drogue, Khun Sa (1934-2007), un chef de guerre qui se battit successivement pour et contre le gouvernement birman et fit fortune grâce au trafic d'opium. Selon les Américains, au début des années 90, 80% de l'héroïne vendue à New York venait du Triangle d'or. Khun Sa contrôlait une grande partie de ce marché. Aujourd'hui l'héroïne est un peu passée de mode et c'est la production et la distribution d'amphétamines et autres drogues de synthèse qui font vivre une partie de la région...