3 semaines en Arabie
Ce midi j'ai achevé ma troisième semaine d'enseignement à mes élèves saoudiens. Je me demandais un peu comment ça se passerait avec eux, n'ayant jamais été confrontée ni au public arabe, ni au public militaire. Eh bien, pour le moment, tout va très bien. Oh, j'ai tout de suite vu qu'ils étaient complètement différents de mes Chinois et qu'il allait falloir s'adapter. Les Chinois se taisent et étudient. Les Saoudiens parlent, parlent, parlent. Et ils étudient ? Moins que les Chinois ! Ils n'ont pas cette faculté à ingurgiter des informations comme les petits empereurs. Donc le rythme de progression est beaucoup plus lent. Par contre ils sont toujours partants pour s'exprimer, là où en Asie il faut parfois tirer les mots de la bouche aux élèves.
Une autre chose marquante est que mes Saoudiens sont charmants... et charmeurs. "Allez, écrivez votre nom sur la feuille, on fait un petit test" "Mais Madame, on voulait discuter avec vous !". "Oh Madame, si vous avez mal au dos, on ne fait pas le test, la santé d'abord". Ils aiment négocier, pas pour éviter une tâche, mais pour le plaisir de la discussion.
Avec des zigotos pareils, qui en plus ont le sens de l'humour, l'ambiance est bonne dans la classe. Mais ce matin j'ai été confrontée à un problème. Un d'eux m'a demandé d'annuler l'activité que j'avais prévue, parce que elle utilisait une chanson. Il ne tolère que la musique a capella, selon certains musulmans la musique est proscrite. On a parlementé un peu, exposé nos arguments respectifs. J'ai fait voté la classe, il était le seul à refuser la chanson... Le seul sur 5, mais aussi le seul de la cinquantaine d'élèves des pays du golfe qu'on a en ce moment. Je lui ai donc proposé de sortir. Sachant qu'il serait noté comme absent, il a préféré rester, mais n'a pas participé. Ses copains doivent lui parler ce week-end, j'espère qu'il changera d'avis, parce que moi, soutenue par la direction,je continue sur le programme qu'on s'est fixé avec ma binôme. Et lundi, c'est Claude François la guest-star !